Il est impossible de nier la puissance des médias. A l'évidence, nous faisons nos choix civiques sur la base des infos qu'ils mettent à notre disposition. Malheureusement, ils s'agit souvent des médias proches du pouvoir, ou du pouvoir même.
On a cependant tendance à oublier qu'on ne sait que ce que ces médias veulent bien nous dire. Pour peu qu'ils aient un intérêt particulier dans un domaine particulier (ce qui est souvent le cas), ils sélectionneront et surexposeront ce qui les arrange et passeront sous silence ce qui ne les arrange pas. Ils maintiendront l'opinion occupée, soucieuse des problèmes qu'on lui dit être essentiels, des questions qu'on lui dit être primordiales, l'attention détournée du reste.
D'ailleurs ce que les médias jugent être un "problème" ressemble souvent à une invention dont on persuadera l'opinion, qui ensuite réagira dans le sens où elle demandera certaines mesures pour remédier au "problème", des mesures que le pouvoir se fait un plaisir d'instaurer car c'est ce qui, à la base, motive la "création" du problème, c'est la recherche de mesures qu'on veut faire accepter à la population inconsciemment, de façon detournée. Le pouvoir/Les médias (deux entités qui s'entendent de toute façon quand elles ne représentent pas une seule même entité) utilise l'opinion pour atteindre ses objectifs.
La recette est donc simple : on désigne un problème, une menace, on laisse mijoter et cogiter la populace, puis on pointe du doigt l'auteur, le coupable, l'ennemi, on relaisse cogiter et s'agiter la populace, puis on laĉhe les solutions, les idées, les théories, les débats, la populace demande des actions, du changement, et là on agit, on "règle le problème", on prend des "mesures d'intervention" alias "on fait ce qui nous chante" tout en donnant l'illusion d'être au service de cette populace, d'oeuvrer pour son bien. Si c'est pas génial ça !
C'est ainsi qu'on cautionne les ravages opérés sur certains territoires étrangers sans accuser les auteurs de criminels, qu'on fait passer une loi qui aurait été impopulaire et donc rejetée en d'autres circonstances, qu'on fait consommer un produit qui n'a de l'intérêt que depuis qu'on a clamé haut et fort ses soudains bienfaits ...
Nous pensons être acteurs de nos sociétés, mais nous nous mettons peut-être le doigt dans l'oeil.
La restitution de l'info est aussi une histoire de manière : selon qu'on présente les choses avec subtilité, adresse, tact, on fait appel soit à la reflexion, au sens critique, à la rationalité de l'opinion, soit à ses émotions, sa sensibilité, sa vulnérabilité (pour moins réflechir, mieux se faire berner). Tout dépend de la façon dont la presse aimerait que l'opinion réagisse.
A côté de la manière de "restituer" l'info (si à ce stade on peut encore parler de restitution) se trouve une des méthodes des plus efficaces pour manipuler et des plus classiques : les sondages d'opinion, ou plutôt le façonnage de l'opinion (à défaut de la refléter). Par souci de contrôle, le pouvoir investit des sommes considérables pour sonder tout et n'importe quoi.
Résultat : des outils très douteux dont le manque de crédibilité se dédouble par ce qu'en font les médias. Ils sont soumis à la population à des moments cruciaux, sur des sujets cruciaux aux retombées considérables. C'est de la manipulation aggravée par des outils de manipulation faussés. Pas besoin de calcul mathématique pour déduire la très faible probabilité d'obtenir une information juste et fiable par ce biais ...
Ceci dit, les sondages constituent matière à débat à bien des niveaux, c'est un autre sujet, un vaste sujet, dans un autre billet peut-être :-)
Résultat : des outils très douteux dont le manque de crédibilité se dédouble par ce qu'en font les médias. Ils sont soumis à la population à des moments cruciaux, sur des sujets cruciaux aux retombées considérables. C'est de la manipulation aggravée par des outils de manipulation faussés. Pas besoin de calcul mathématique pour déduire la très faible probabilité d'obtenir une information juste et fiable par ce biais ...
Ceci dit, les sondages constituent matière à débat à bien des niveaux, c'est un autre sujet, un vaste sujet, dans un autre billet peut-être :-)
Passée la critique des médias, je me rend à l'évidence : nous ne pouvons pourtant pas imaginer un monde sans eux. Il faut bien un "messager" pour maintenir la communication, l'échange, mais de façon transparente. C'est un très fragile équilibre, la frontière est extrêmement floue.
Les médias sont faits d'hommes, et l'homme est corruptible. Le pouvoir a toujours intérêt à se mettre les médias dans la poche. La déduction est donc intuitive, pas besoin de creuser loin, la relation entre les deux est manifeste.