Esprit Pauli

Gunter Pauli bouscule, dérange, emmerde les convenances, ne parle pas la langue de bois. Et moi j'aime ça.

Avant de m'attaquer au message que nous délivre G. Pauli, un petit coup de gueule d'abord.
On nous répète partout et tout le temps de long en large les bons réflexes "verts" à adopter pour éviter de briser la branche sur laquelle on est assis, mais qui s'occupe vraiment de critiquer comme il se doit le mode de fonctionnement du principal coupable de cette cata environnementale: l'industrie. Pourquoi les processus de fabrication restent inchangés? Pourquoi les produits mêmes ne seraient-ils pas révolutionnés? Pour moi, c'est l'offre qui fait la demande. Nous consommons les produits que nous trouvons sur le marché. Personne ne nous demande notre avis. Si le marché de l'auto ne contenait que des hybrides, si le marché des piles ne contenait que des rechargeables, si le marché du frais ne contenait que des produits locaux de saison, on roulerait tous écolo. On ne jetterait pas de piles qui sont par définition des concentrés de toxiques. On éviterait de manger ce qui a été produit à l'autre bout du globe il y a des mois et qui a nécessité des litres de pétrole pour le transport et énormément d'énergie pour la conservation.



Tout le monde est écolo maintenant (oralement surtout!). Les hommes politiques et tous les organismes mondiaux concernés s'évertuent soit disant à atteindre des taux moins mauvais qu'avant. G. Pauli pense : "moins mauvais mais mauvais quand même! Moins polluer mais polluer quand même!". Il qualifie ce raisonnement de double morale qui, d'un côté admet la nécessité de la "pollution 0" et de l'autre, soutient les mêmes systèmes qui maintiennent les niveaux de pollution au beau fixe.
“Aujourd’hui, on donne des prix environnementaux aux hommes d’affaires qui annoncent qu’ils vont polluer un peu moins. Pourquoi pas récompenser les voleurs qui annoncent que dorénavant ils voleront un peu moins! Il ne faut pas polluer un peu moins : il faut arrêter de polluer.”
Gunter Pauli a planté le décor de son intervention sur cela. 
G. Pauli est un ex-industriel belge. Dans les années 90, il a lancé une société fabricant des produits biologiques pour la lessive et la vaisselle, Ecover, une usine complètement biodégradable. Il allait jusqu'à payer ses employés 0.50€/km pour qu’ils viennent en vélo à l'usine, jusqu'à ce que la justice belge le condamne pour cette initiative "hors du cadre du droit du travail".
Il a dirigé Ecover jusqu’à ce qu’il découvre que certains produits qu'il utilisait étaient responsables de la déforestation et de la disparition des Orangs-Outans en Indonésie. Il vend alors Ecover pour se consacrer à la recherche de solutions alternatives à nos modes de production néfastes.
Il retient une méthode : le biomimétisme, càd l'immitation de la nature dans la production, la technologie inspirée par le vivant.

"Chaque système naturel fonctionne avec ce qui est disponible. Or depuis des années, notre économie, comme notre système financier, a fonctionné avec ce qui n’existe pas, avec pour conséquence du chômage, de la pollution, des déchets et de la pauvreté. L’économie américaine gaspille chaque année 1.000.000.000.000 de dollars pour gérer ses déchets! Il faut revenir à la satisfaction des besoins fondamentaux : l’eau, la nourriture, le logement, la santé, l’énergie, l’emploi, l’éthique, et stimuler l’entrepreneuriat dans ce sens. La science hélas n’est pas liée à la satisfaction de ces besoins fondamentaux. Dans l'enseignement du commerce, le modèle économique qu’on apprend consiste à investir plus et économiser peu (et comment!). Or ce n’est pas le modèle des systèmes naturels!".

G. Pauli se montre concret par quelques exemples inspirés des processus de production naturels observés. Aperçu: 


Energie : n'oublions pas que nous sommes conductibles!
Comment la nature génère-t-elle de l’électricité tous les jours? Non, ce n'est pas grâce au soleil. Mais par la gravité et la biochimie (chimie des cellules). C'est-à-dire? Ça veut dire à titre d'exemple qu'on peut créer de l’électricité avec notre corps (60 volts/h) ou par la pression de notre voix. On sonne le glas des piles et métaux. Le Fraunhofer Institut est en train de produire le 1er téléphone mobile qui fonctionne grâce à la conversion de la pression générée par la voix en électricité. Elle envisage de faire fonctionner le téléphone mobile pendant plus de 200 heures! Plus vous parlez, plus votre téléphone est chargé!

Fibres : la soie a la cote
L’araignée est capable de produire 9 types de soies différentes, avec des qualités de résistance différentes selon l’eau qu’elle y incorpore. Une première usine produisant du fil comme l’araignée existe déjà. Cette fibre ne concerne plus que la production textile. On utilise aujourd'hui la soie pour faire des réparations nerveuses ou osseuses. Sa capacité pourrait aussi permettre le rasage sans aucune pénétration de la peau, alors qu'on utilise "100.000 tonnes d’acier pour fabriquer des rasoirs jetables”, s’enflamme G. Pauli. "L’acier et le titane de nos lames de rasoir peuvent être remplacés par de la soie, ne nécessitant ni pétrole, ni énergie, ni déchets." La soie est le sous-produit de mûriers destinés à fructifier des terres arides de Chine depuis 2500 av. J.-C. Un hectare de mûrier produit 2 tonnes de soie. Des rasoirs faits de soie demanderaient 250.000 hectares de mûriers, synonyme de reconquête de terres arides et de 12.500 emplois créés.

La chimie hors circuit ...

Remplaçons la chimie par la physique. "Si on se débarrasse de toutes les bactéries avec de la chimie, nous risquons surtout de finir par nous débarrasser de toute l’humanité!". Comment les systèmes naturels contrôlent-ils les bactéries sans chlore et sans produits chimiques? G. Pauli propose d'utiliser le vortex, ce tourbillon vertical en forme d'entonnoir qu’on observe lorsqu’on vide une baignoire par exemple. Le vortex génère une pression qu'on peut exploiter comme le fait H2O Vortex, via sa création Realice, "un système qui crée de la glace en enlevant l’air (l’eau glace plus facilement sans air), en utilisant la pression que génère un vortex. Sans air, pas de bactérie, pas de corrosion …"

Le bambou, c'est beau & écolo!
Les stickers de bambou ont beaucoup de succès il paraît ... mais leur premier mérite n'est pas dans leur esthétique. Il s'avère que le bambou, le matériel de lapauvreté, celui avec lequel plus d’un milliard de personnes construisent leur maison, est un véritable acier végétal, durable et de qualité.

Le reboisement

Le vert disparaît de plus en plus de nos paysages. La mesure de reconquête des territoires qui ont subi la déforestation en régénérant des forêts primaires permet non seulement de remédier à cela mais aussi de générer des revenus pour la population avoisinante. Comment? Une forêt génère naturellement de l'eau, elle est disponible gratuitement aux petites populations environnantes et dépasse même en général les besoins en eau de celles-ci. Cette eau est embouteillée et revendue ailleurs, tout simplement!


Les déchets
On incinère les déchets organiques alors que dans la nature, ceux-ci deviennent des aliments. Ce qui est plutôt stupide à mon sens. Autant en faire de la nourriture pour animaux.


Manifestement, la nature et l'économie peuvent faire bon ménage. L'écologie n'est pas contre productive contrairement à ce que beaucoup de capitalistes un brin trop soucieux de leur chiffre d'affaires pensent.
Pour peu de maîtriser un minimum l'anglais, la vidéo ci dessous relate une bonne partie de ce que je reprend (moins bien) en français ce que G. Pauli développe et argumente lui-même (si bien) en anglais.


Pour qui voudrait aller plus loin, il y a toujours "Croissance sans limites : Objectif zéro pollution", une oeuvre de G. Pauli.
  1. Salvadorali Says:

    Mettez du Pauli dans votre Cohn Bendit !
    Il est génial ce type et c'est tellement logique sa théorie qu'on comprend pourquoi il dérange autant...


Related Posts with Thumbnails

    Ballon magique

    Allez, au pif !

    Blogger
    PageRank Actuel

    Ca chauffe !