La science avait tout faux ! La nouvelle genèse de l'Univers a le vent en poupe : à en croire les derniers potins qui agitent physiciens et astronomes, ce mystérieux astre qu'on a injustement et indignement baptisé "trou noir" et auquel on a attribué dans le film de l'Univers le rôle du méchant monstre broyeur-dévoreur, pourrait bien être l'Adam du cosmos : la première création stellaire et la mère de toutes les suivantes.
Le Science & Vie et Science & Avenir en ont fait leur une, et à la lumière de leurs écrits, moi aussi ! Mais avant de discuter quoi que ce soit, je tiens à récapituler à ma façon la toute nouvelle histoire des doyens du cosmos :
A l'instant t=0, c'est-à-dire au jour J moins 13,7 milliards d'années, a lieu l'explosion de la petite boule de gaz infiniment petite, infiniment chaude et infiniment dense qui marque le début de la physique : l'espace-temps.
=> Big Bang
L'explosion libère l'Univers purement gazeux (le vide n'existe pas) qui dès lors entame son expansion. D'abord plongé dans le noir total ("l'Age des Ténèbres"), il s'élargit, refroidit, devient moins homogène et concentre à certaines zones des nuages de gaz très denses. Ceux-ci finissent pas se doter du pouvoir de gravité tout en tournant sur eux-mêmes. Ils aspirent alors le gaz environnant à une vitesse qui s'accélère au fur et à mesure du temps et de la masse croissante du tourbillon. Tout autour périt et disparaît dans le coeur du tourbillon.
=> Naissance des trous noirs pendant "l'Age des ténèbres".
L'activité tourbillonnante engendre une chaleur intense, et comme dans le cosmos la chaleur appelle souvent la lumière, le disque de gaz dit "disque d'accrétion" (et non le trou noir par lequel il se fait ingurgiter) rayonne et illumine l'univers.
=> Premières lueurs visibles dans l'Univers, fin de "l'Age des Ténèbres".
Après un régime d'ogre long de millions d'années, les trous noirs super-massifs deviennent lourds comme 1 million de soleils. Il ont tellement comprimé de gaz en leurs centres qu'ils l'expulsent par le biais de ce qui ressemble à un laser tranchant : un fil de gaz brûlant et comprimé à l'infini qui forme un jet brillant, fin et super puissant voyageant presque aussi vite que la lumière.
=> Eruptions lumineuses, formation des quasars.
Le méga-jet des quasars perfore l'espace sur des dizaines de milliers d'années-lumière et émet de violentes ondes de choc lorsqu'il rencontre les cumulus d'hydrogène et d'hélium sur sa lancée. Les zones de collision abritent alors une température propice au déclenchement de réactions nucléaires, lesquelles enfantent une armada d'étoiles.
=> Naissance des premières étoiles.
Le jet s'intensifie à mesure que la masse du trou noir augmente. A présent massif comme 1 milliard de soleils, le trou noir projette un laser lumineux qui peut transpercer l'espace jusque dans les retranchement les plus éloignés du tourbillon. Ainsi le jet des quasars saupoudre le ciel d'étoiles tout le long de sa trajectoire.
=> Naissance de l'Univers stellaire.
Ayant comblé sa faim, le trou noir épuise le gaz à déglutir. Faute de matière à expulser, le jet s'affaiblit pour finalement s'éteindre. A côté, les étoiles enfantées, en motion de part la gravité, dessinent leurs orbites finales et l'ensemble finit par tracer un disque en rotation autour du trou noir en repos.
=> Naissance des galaxies.
Fin de l'histoire.
Voilà sur quoi ont abouti les longues observations de David Elbaz du quasar à 3 milliards d'années-lumière d'ici nommé HE0450-2958 (quel charmant nom !). Celles-ci mettent en veilleuse notre version de l'histoire du cosmos dont les grandes lignes ressemblaient à :
=> Le Big Bang a laissé place à l'Univers nouveau-né dont les prémices ont tendrement été appelés "l'Age des Ténèbres", autrement dit le néant, le vide, le chaos, le noir total, l'inconnu.
=> L'obscurité incarnée a ensuite soudainement et trop rapidement laissé place comme par magie aux premières étoiles parsemées ici et là, venues de nulle part et qu'on a considérées comme premières créations de l'Univers.=> Puis, attirées par une force inconnue, celles-ci entourent un point non identifié autour duquel elle dessinent un disque et forment des galaxies.
=> Vient par la suite notre découverte des trous noirs il y a une quarantaine d'années. On apprend qu'ils s'empiffrent (on ne sait trop comment) de l'énergie, la matière, le temps, la lumière et tout ce qui s'y apparente. Tout à sa portée disparaît, ce qui au passage a fait d'eux les bêtes noires du cosmos, les ennemis redoutables de l'astro-physique. Les scientifiques voyaient l'essence même de leur vie et de leur travail s'effondrer aux abords du trou noir. Un kilomètre, une minute, un objet n'avaient plus de sens à l'approche du précipice.
Donc hormis leur appétit bien connu pour n'être jamais vu et le fait que chaque galaxie abrite en son centre un trou noir (ce qu'on a maladroitement traduit par "chaque galaxie crée son trou noir"), on ne savait pas grand chose d'eux.
Il y avait décidément beaucoup de variables inconnues au bataillon. Et c'est ce qui vaut à la théorie de David Elbaz le sérieux avec lequel elle est envisagée : elle comble bien des vides et constitue une genèse bien plus cohérente que la précédente.
Ce glouton de trou noir amène la science (avec toutes ses failles ; notre connaissance de l'Univers est après tout infime) a redistribuer les rôles. Sa dernière principale découverte comble ses premières lacunes.
Elle fait entre autres la lumière sur l'intense activité pré-stellaire invisible qui se tramait pendant "l'Age des Ténèbres", qui préparait notre arrivée ainsi que des ciels étoilés comme on aime en voir aujourd'hui. Personnellement je la rebaptiserais "Le Foetus de l'Univers" :-)
Elle explique aussi pourquoi chaque galaxie de l'Univers abrite un trou noir en son centre. Le trou noir "d'abord nu s'habille de sa galaxie". Il engendre "sa" propre galaxie et non l'inverse. Entre l'oeuf et la poule, on a donc tranché entre le précédant et le précédé :-)
Le traître s'est avéré être la machine créatrice. Les pages du cosmos vont devoir être revisitées !
Ceci dit, j'ai encore plein de "???" qui entourent ce qui se passe au sein du trou noir, après la formation du disque d'accrétion et avant la projection lumineuse. Cette activité infiniment dense qui semble emprunter une brèche inter-dimensionnelle pour se passer dans un monde parallèle avant de revenir cracher de la matière visible et à peine accessible à nos facultés décidément très pauvres ... et puis cette destinée mystérieuse de la matière et du temps qui "disparaissent" ... c'est assez frustrant l'ignorance finalement.
En attendant le cinéma s'occupe de combler les trous ...