En attente sur le pilori, les yeux tous ronds et le sourire niais, Eric Zemmour se fait gentil et tout petit.
A toujours faire fixette tous plateaux TV confondus sur son débat fétiche qu'est l'immigration, il a fini par ne plus savoir déguiser ses propos ô combien piquants tous les uns autant que les autres! Rokhaya Diallo (présidente de "Les Indivisibles", association antiraciste) l'aura bien mis hors de ses gonds sur le plateau d'Ardisson, et on l'aime bien rien que pour ça :-)
Aperçu, pour le plaisir des oreilles !
Dommage que Zemmour ne soit pas français "de souche", Le Pen l'aurait sans doute attiré sous sa houlette! :-D
Tout ça est jouissif pour bien du monde évidemment. Ca excite les foules, surtout grâce à l'effet "show" instauré par Ardisson, gagnant au change, qui en rajoute une couche avec son intitulé "Immigration-Zemmour dérape", comme si lui même y croyait ! Zemmour :
"Il mime un effarement scandalisé d’autant plus surjoué qu’il est enregistré et inséré a posteriori, tandis que pendant l’émission, il avait pris un air patelin, pour me glisser à l’oreille : «tu as un rôle très important dans la société de dire les vérités qui dérangent... Ne t’inquiète pas, je te protégerai au montage...".
Il a du oublié ses propos depuis puisque il attaque Zemmour en diffamation ...
Quoiqu'il en soit, ce fût l'occasion idéale pour les organisations antiraciste de contre-attaquer après que ce cher et tendre chauvin ait pris auparavant le soin (car Zemmour n'oublie personne!) de toutes les juger comme étant "inutiles, coûteuses et sans légitimité démocratique". Et c'est bien ce qu'elles font. La LICRA (Ligue Internationale Contre le Racisme et l'Antisémitisme) se plaint : "A la lumière de son dernier ouvrage Mélancolie française, faut-il entendre qu’Eric Zemmour regrette un temps où les trafiquants étaient blancs et français ? Le journaliste devrait se souvenir de cette époque pas si lointaine d’avant-guerre où, dans notre pays, pour les tenants de cette rhétorique il ne faisait pas bon de s’appeler… Zemmour."
La LICRA finit par poser plainte contre lui, suite à quoi le boss de notre gus, directeur de la rédaction du Figaro, "le convoque lundi prochain pour un entretien préalable à un éventuel licenciement".
Zemmour a envoyé un communiqué (où il s'excuse et s'explique) à la LICRA depuis mais cette mort médiatique que tout le monde guette est une chose à laquelle j'ai beaucoup de mal à croire ... Zemmour est encore loin de prendre ses cliques et ses claques puis la porte. La politique à la Zemmour ne peut pas rimer avec stupidité, pas assez en tous cas pour s'être soi-même mis la tête sur le gril. Il a l'air seul envers et contre tous mais il n'en est rien. Son air hagard placardé sur tout article à ce sujet lui donne un air de repentant qu'il n'est pas du tout. Il a suffisamment de soutien derrière pour se permettre de heurter sans conséquences notables. Un soutien qui n'aimerait pas se faire connaître. Mais parmi la minorité connue se trouvent les membres du Figaro pour commencer. Mieux : il a des centaines de messages de réclamation des abonnés au Figaro qui menacent de se désabonner, et au programme de demain une manif devant les bureaux du Figaro. Et puis on peut toujours compter sur les fanas de la liberté d'opinion et d'expression (tout à fait légitime, j'en conviens) pour compléter le panel.
Zemmour est l'ambassadeur de la presse d'extrême droite qui n'a rien à perdre à se faire huer. C'est à leur main un instrument intelligent qui trouve son compte à être la persona grata de ceux dont le racisme s'exprime par tous les moyens autres que celui sanctionné : la parole. Et s'il y a bien quelqu'un à réprimander dans tous ça c'est bien ceux dont le racisme cause plus de tord que d'audimat. Les projecteurs sont sur le second, jamais sur le premier.
"La plupart des délinquants sont Arabes et noirs". Le monde s'est accroché à cette phrase. Voilà. L'écoute s'est arrêté là et tout le monde mitraille depuis 20 jours. Le débat n'évolue pas, les confrontations stériles reprennent du service et ne servent qu'à remettre toujours et encore le sujet-phare de l'immigration sur le tapis. A croire que jamais ça ne s'arrêtera. Les vraies questions elles, elles ne sont pas pour demain.
Mais parmi elles, paradoxalement, une que Zemmour, aussi détestable puisse-t-il être, a le mérite de soulever dans son communiqué, où il revient à la charge, toujours aussi fidèle à lui-même :
"On me rétorque un peu facilement qu’il n’y a pas de statistiques ethniques pour prouver mes dires. Pourtant, devant une commission parlementaire du Sénat, Christian Delorme, surnommé «le curé des Minguettes», ne déclarait il pas : « en France, nous ne parvenons pas à dire certaines choses parfois pour des raisons louables. Il en est ainsi de la surdélinquance des jeunes issus de l’immigration qui a longtemps été niée, sous prétexte de ne pas stigmatiser. On a attendu que la réalité des quartiers, des commissariats, des tribunaux, des prisons, impose l’évidence de cette surreprésentation pour la reconnaître publiquement. Et encore, les politiques ne savent pas encore en parler.»
Il y a quelques années, une enquête commandée par le ministère de la justice, pour évaluer le nombre d’imans nécessaires, évaluait le pourcentage de «musulmans dans les prisons» entre 70 et 80%. En 2004, l’islamologue Farhad Khosrokhavar, dans un livre «L’islam dans les prisons ( Balland) confirmait ce chiffre. En 2007, dans un article du Point, qui avait eu accès aux synthèses de la Direction Centrale de la Sécurité Publique (DCSP) et de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) on évaluait entre 60 et 70% des suspects répertoriés issus de l’immigration. Il y a près de dix ans, la commissaire Lucienne Bui Trong, chargée des violences urbaines à la direction centrale des RG relevait que 85% de leurs auteurs sont d’origine maghrébine. Dans un article du Monde, du 16 mars 2010, les rapports des RG sur les bandes violentes, établissaient que 87% étaient de nationalité française; 67% d’origine maghrébine et 17% d’origine africaine. La «plupart» est donc, au regard de ces chiffres, le mot qui convient.
Mes contempteurs pourraient d’ailleurs me rétorquer que ces chiffres prouvent bien que les personnes issues de l’immigration sont défavorisées, puisque depuis Victor Hugo, on sait bien que c’est la misère qui crée la délinquance. On pourrait aussi rappeler que dans tous les pays d’immigration, les derniers arrivés donnent souvent les gros effectifs à la délinquance - Irlandais dans l’Amérique du XIXème siècle, Marocains dans l’Israël des années 50, Russes aujourd’hui. Ces arguments ne sont d’ailleurs pas sans fondement, mais on ne me les présente nullement. On exige seulement que je me taise."
Sauf que beaucoup aimeraient qu'il se taise pour d'autres raisons bien plus simples : rompre le cycle : arrêter d'alimenter le débat qui aboutit sur l'effet pervers qu'est la stigmatisation de ces "noirs et arabes", qui à son tour instaure une ambiance pour le moins nauséabonde encourageant toutes les hostilités, ce qui à son tour mène au débat (et rebelote). La boucle et bouclée.
Un peu plus loin, il exprime vouloir poursuivre le débat en dehors du cadre de la justice :
"Notre rencontre a eu le mérite d’ouvrir un dialogue qui je l’espère pourra se prolonger, hors de l’enceinte d’un tribunal."
Résultat, La LICRA lui donne RDV demain jeudi sur le plateau de BFM TV ... En effet, jamais ça ne s'arrêtera.